Audrey Brennan, INRS-UCS
En novembre, Valérie Plante, mairesse de Montréal, a annoncé qu'elle ne briguerait pas un troisième mandat, invoquant des préoccupations quant à sa capacité à maintenir le même niveau d'énergie qu'elle a apporté à ses deux premiers mandats. Peu de temps après, Catherine Fournier, mairesse de Longueuil, a tenu une conférence de presse pour confirmer son intention de se faire réélire, dans le but de contester l'idée qu’occuper des mandats de manière consécutive est négative. En décembre, La Presse a fait la lumière sur un autre enjeu : la difficulté croissante de recruter de jeunes candidat·e·s municipaux au Québec, un défi exacerbé par le harcèlement subi par certain.e.s élu.e.s.
Dans ce billet de blogue, j'élargis l'attention aux données du Baromètre municipal du Canada (BMC), explorant une question clé : quels élus municipaux ont exprimé l'intention de briguer un autre mandat ?
Voici un petit aperçu: la majorité des répondant.e.s de notre échantillon ont indiqué qu'ils et elles prévoyaient de se présenter à nouveau au moment où ils et elles ont participé au BMC. Ainsi, bien que la réponse courte à la question est que la plupart des élu.e.s ont l'intention de se présenter aux prochaines élections municipales, cela ouvre une autre discussion importante : y a-t-il des différences dans ces intentions en fonction du genre ou de l'âge?
Le BMC a inclus une variante de cette question dans ses sondages de 2020, 2021, 2023 et 2024. Au cours des vagues de 2020 et de 2021, on a posé aux répondants une simple question par oui ou par non sur leur intention de se présenter à un autre mandat. En revanche, les sondages de 2023 et de 2024 ont permis aux répondants d'estimer leur probabilité de se présenter. Dans ce blogue, j'analyse les réponses à ces sondages, en me concentrant sur les élus municipaux dans les provinces tout en excluant les répondant.e.s des territoires.
Dans les figures suivantes, je compare les réponses des hommes (1817 répondants) et des femmes (1019 répondantes) dans toutes les vagues d'enquête. Parmi celles et ceux qui ont indiqué qu'ils et elles se présenteraient de nouveau, 65,88 % sont des hommes (sarcelle) et 34,12 % sont des femmes (gris). De même, parmi celles et ceux qui ont déclaré qu'ils et elles ne se représenteraient pas, 68,26 % sont des hommes (sarcelle) et 31,84 % sont des femmes (gris).
Pour comparer les réponses entre les sondages par oui ou par non, j'ai recodé les réponses des sondages de 2023 et de 2024 comme suit : (1) j'ai exclu les réponses indiquant une probabilité de 50 à 50 de se présenter à nouveau, et (2) j'ai regroupé les réponses négatives sous « Non » et les réponses positives sous « Oui ». Par conséquent, les réponses indécises ont été omises des calculs de cette section.
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Deuxièmement, lorsque l'on compare les hommes et les femmes sur la même question, nous ne trouvons aucune différence significative dans leurs réponses (Figure 2). Parmi les hommes interrogés, 24,55 % ont indiqué qu'ils ne se représenteraient pas (bleu clair), comparativement à 22,69 % des répondantes. De même, 75,45 % des hommes et 77,31 % des femmes ont déclaré qu'ils et elles chercheraient à se présenter à la prochaine élection (bleu foncé).
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J'examine maintenant les données sur une base annuelle. En 2020 et 2021, le BMC a posé la question suivante aux élus municipaux : Avez-vous l'intention de vous présenter aux prochaines élections municipales ? Les réponses sont recensées dans le Tableau 1.
Oui | Non | |
2020 | 552
(77.09%) |
164
(22.9%) |
2021 | 573
(79.14%) |
151
(20.85%) |
Le Tableau 1 montre qu'en 2020 et en 2021, environ 20 % des répondant.e.s ont indiqué qu'ils et elles n'avaient pas l'intention de se représenter.
En 2023 et 2024, la question fut formulée différemment, soit : Quelle est la probabilité que vous vous présentez à nouveau aux prochaines élections municipales ? Les réponses pour ces années sont présentées à la Figure 3. Comme pour les années précédentes, une tendance similaire se dégage : les répondant.e.s étaient plus susceptibles d'indiquer qu'ils et elles pourraient se présenter à nouveau que de déclarer de faibles chances de le faire. Cependant, la catégorie de réponse avec la proportion la plus élevée pour 2023 et 2024 était « 50-50 », ce qui indique que de nombreux élus municipaux étaient indécis quant à leurs intentions de se présenter aux prochaines élections.
La figure 3 incite à la réflexion. Bien que je me sois d'abord concentré sur des réponses claires par oui ou par non, permettre aux répondants d'exprimer leur incertitude révèle une image différente. Malheureusement, nous manquons de données sur la question de savoir si les répondant.e.s étaient également indécis.e.s dans les vagues antérieures du Baromètre. Cela nous amène à nous demander comment les niveaux d'indécision ont pu évoluer au fil du temps.
Enfin, je reviens aux réponses claires « Oui » ou « Non » au cours des quatre années au cours desquelles les participant.e.s du Baromètre ont été interrogés sur leur intention de se présenter à nouveau. Ici, j'examine comment ces réponses varient en fonction de l'année de naissance et du genre des répondants pour les enquêtes de 2020, 2021, 2023 et 2024.
Dans la figure 4, je présente visuellement le nombre de répondants par année de naissance et de leur intention de se présenter à nouveau. Chaque ligne représente le genre du répondant : la ligne pointillée correspond aux femmes, tandis que l’autre ligne représente les hommes. Bien que les hommes et les femmes suivent généralement des tendances similaires, quelques nuances sont visibles entre les deux groupes
Premièrement, parmi les répondants plus jeunes, les hommes nés entre 1975 et 1985 (quadrant supérieur droit de la figure 4) ont indiqué plus fréquemment qu'ils se présenteraient de nouveau par rapport à leurs homologues féminines. Deuxièmement, les hommes nés entre 1950 et 1960 (quadrant supérieur gauche de la figure 4) étaient plus susceptibles de déclarer qu'ils ne se représenteraient pas.
Il demeure difficile de prévoir le maintien en poste des élu.e.s municipaux.ales en poste au Canada. Cependant, les vagues de l'enquête du Baromètre de 2020 à 2024 mettent en évidence des différences notables d'âge et de genre parmi les répondants, offrant des informations précieuses. Ces constatations concordent avec les préoccupations soulevées dans l'article de La Presse concernant la rétention des jeunes élues municipales. Toutefois, malgré le taux de réponse élevé à la probabilité de se présenter à nouveau, la plupart des répondant.e.s de notre échantillon sont des hommes, ce qui rend difficile de mesurer pleinement la portée des différences d'âge et de genre de la probabilité de se présenter à une autre élection municipale.
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