Nicole McMahon, Université de Calgary
Les personnes qui se présentent à des fonctions électives peuvent se heurter à divers obstacles en fonction de leur sexe, de leur race, de leur orientation sexuelle et d’autres identités. Une identité souvent négligée est celle de parent. Les parents de jeunes enfants sont en effet moins enclins à se présenter aux élections, car ils doivent trouver un équilibre entre le temps qu’ils consacrent à leur fonction de représentant élu et leurs responsabilités en tant que parents. Cela est particulièrement vrai pour les femmes, car ce sont elles qui s’occupent le plus souvent des jeunes enfants. Les politiques de congé parental pour les représentant·e·s élu·e·s, ainsi que d’autres initiatives favorables à la famille, notamment celles qui facilitent l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, sont essentielles pour supprimer certains de ces obstacles. Ces politiques permettent non seulement aux élu·e·s de s’acquitter de leurs responsabilités parentales, mais elles contribuent également à des objectifs plus larges d’inclusion en rendant les carrières politiques plus accessibles à un groupe diversifié d’individus.
Certaines municipalités canadiennes se sont penchées sur la question de savoir comment rendre le conseil municipal plus favorable à la famille. Le Baromètre municipal du Canada de 2023 a interrogé les élu·e·s sur les initiatives en faveur de la famille qui existent au sein de leur conseil municipal et sur le soutien qu’elles reçoivent de leur part.
Pour comprendre à quel point les politiques favorables à la famille sont soutenues par les élu·e·s municipaux, j’utilise les données du Baromètre municipal canadien (BMC) de 2023. Les élu·e·s municipaux ont été invité·e·s à faire part de leur soutien personnel à six initiatives favorables à la famille, indépendamment du fait que leur municipalité ait ou non mis en place ces politiques :
Les répondant·e·s devaient choisir l’une des réponses suivantes pour indiquer leur soutien à l’initiative : « Tout à fait contre », « Plutôt contre », « Plutôt pour », « Tout à fait pour », ou « Ne sais pas ». Les figures suivantes illustrent le soutien à chaque initiative énumérée ci-dessus, en fonction du sexe du répondant.
Figure 1 : Soutien aux membres du conseil qui prennent un congé parental
La figure 1 illustre le soutien à la politique 1 : « Permettre aux membres du conseil de prendre un congé parental lorsqu’ils ont un nouveau né » en fonction du sexe du répondant. Les barres noires indiquent les réponses des hommes et les barres bleues celles des femmes. L’axe des x indique le niveau de soutien et l’axe des y le pourcentage de répondant·e·s ayant choisi chaque option (les pourcentages exacts sont indiqués au-dessus de chaque barre).
L’écrasante majorité des élu·e·s municipaux, quel que soit leur sexe, est favorable à ce que les membres du conseil prennent un congé parental lorsqu’ils ont un nouveau-né. Un petit pourcentage de personnes s’oppose à ce que les membres du conseil prennent un congé parental. Environ 14 % des hommes s’opposent fortement ou plutôt au congé parental et environ 7,6 % des femmes s’y opposent.
Figure 2 : Soutien à la désignation d’un collègue pour voter en leur nom
La figure 2 illustre le soutien à la politique 2 : « Permettre aux membres du conseil en congé parental de désigner un·e collègue pour voter en leur nom », en fonction du sexe du répondant. Les barres noires indiquent les réponses des hommes et les barres bleues celles des femmes. L’axe des x indique le niveau de soutien et l’axe des y le pourcentage de répondant·e·s ayant choisi chaque option (les pourcentages exacts sont indiqués au-dessus de chaque barre).
Contrairement au congé parental, la désignation d’un·e collègue pour voter au nom d’un membre en congé parental n’est pas très bien accueillie. La majorité des hommes (60 %) et une quasi-majorité des femmes (45 %) s’opposent fortement ou sont plutôt contre la désignation d’un·e collègue pour voter au nom d’un membre. Toutefois, il existe une différence notable entre les hommes et les femmes lorsqu’il s’agit de soutenir l’initiative. Les femmes interrogées sont plus nombreuses à dire qu’elles soutiennent la désignation d’un collègue pour voter au nom d’un membre que les hommes.
Figure 3 : Soutien au vote à distance pendant le congé parental
La figure 3 illustre le soutien à la politique 3 : « Permettre aux membres du conseil en congé parental de voter à distance » en fonction du sexe du répondant. Les barres noires indiquent les réponses des hommes et les barres bleues celles des femmes. L’axe des x indique le niveau de soutien et l’axe des y le pourcentage de répondants ayant choisi chaque option (les pourcentages exacts sont indiqués au-dessus de chaque barre).
La figure montre un soutien significatif au vote à distance pour les membres du conseil en congé parental, contrairement à un faible soutien à la désignation d’un collègue pour voter en leur nom. Plus précisément, 65% des femmes et 56% des hommes soutiennent fortement l’idée du vote à distance. L’opposition au vote à distance est minime, avec 5,7% des femmes et 7,4% des hommes qui s’y opposent fortement ou plutôt.
Figure 4 : Soutien aux membres du conseil pour permettre la présence d’enfants (de moins de 12 mois) au conseil
La figure 4 illustre le soutien à la politique 4 : « Permettre aux membres du conseil d’amener de jeunes enfants (de moins de 12 mois) au conseil avec eux », en fonction du sexe du répondant. Les barres noires indiquent les réponses des hommes et les barres bleues celles des femmes. L’axe des x indique le niveau de soutien et l’axe des y le pourcentage de répondants ayant choisi chaque option (les pourcentages exacts sont indiqués au-dessus de chaque barre).
La présence des enfants de moins de 12 mois dans le conseil municipal bénéficie d’un soutien mitigé. Un pourcentage plus élevé d’hommes (20%) s’oppose fortement à l’initiative par rapport aux femmes (11,2%). L’écart entre les sexes est important dans la catégorie des personnes qui soutiennent fortement l’initiative : près de la moitié des femmes interrogées soutiennent fortement l’initiative, alors que seulement un quart des hommes interrogés la soutiennent.
Figure 5 : Soutien à l’idée d’autoriser les membres du conseil à allaiter au conseil
La figure 5 illustre le soutien à la politique 5 : « Permettre aux membres du conseil d’allaiter au conseil », en fonction du sexe de la personne interrogée. Les barres noires indiquent les réponses des hommes et les barres bleues celles des femmes. L’axe des abscisses indique le niveau de soutien et l’axe des ordonnées le pourcentage de répondants qui ont choisi chaque option (les pourcentages exacts sont indiqués au-dessus de chaque barre).
Les données montrent un soutien mitigé à l’allaitement dans l’hémicycle. Un pourcentage plus élevé d’hommes (23,7 %) s’oppose fortement ou plutôt à l’initiative par rapport aux femmes (15,5 %). Le soutien à l’initiative est plus élevé chez les femmes. Le soutien fort est notamment plus élevé chez les femmes, 52,3 % d’entre elles soutenant fortement l’initiative, contre 35,8 % des hommes.
Figure 6 : Soutien aux services de garde gratuits et flexibles (halte-garderie) pour les membres ayant des enfants d’âge préscolaire
La figure 6 illustre le soutien à la politique 6 : « Fournir des services de garde gratuits et flexibles (halte-garderie) aux membres ayant des enfants d’âge préscolaire », en fonction du sexe du répondant. Les barres noires indiquent les réponses des hommes et les barres bleues celles des femmes. L’axe des x indique le niveau de soutien et l’axe des y le pourcentage de répondants qui ont choisi chaque option (les pourcentages exacts sont indiqués au-dessus de chaque barre).
Comme pour d’autres initiatives favorables à la famille, la majorité des personnes interrogées, quel que soit leur sexe, soutiennent une initiative de gratuité des services de garde d’enfants en âge préscolaire. Les femmes sont plus nombreuses à soutenir fortement l’initiative, tandis que les hommes sont plus nombreux à la soutenir quelque peu. Toutefois, un nombre important de personnes s’opposent à l’initiative. Environ 25 % des hommes et 17 % des femmes y sont opposés.
Les données du Baromètre municipal du Canada de 2023 révèlent un écart assez constant entre les hommes et les femmes en ce qui concerne l’attitude des élu·e·s municipaux à l’égard de diverses politiques et initiatives favorables à la famille dans leur municipalité. Les femmes sont généralement plus favorables à ces politiques que les hommes. Cela pourrait indiquer que les femmes sont plus sensibles aux défis que représente l’équilibre entre les responsabilités professionnelles et les responsabilités familiales, reflétant ainsi une vision plus large de la société sur les rôles des hommes et des femmes et sur les responsabilités familiales. Toutefois, de nombreuses initiatives ont été relativement bien soutenues, quel que soit le sexe. Dans ce portrait, l’exception réside dans le fait que la majorité des répondants étaient très opposés à l’idée de désigner un collègue pour voter en leur nom pendant leur congé parental.
Il est important de tenir compte du fait que de nombreux facteurs entrent en ligne de compte dans les différents niveaux de soutien aux politiques favorables à la famille au niveau municipal. Par exemple, la taille d’une municipalité et les rôles spécifiques du conseil municipal peuvent modifier l’opinion d’une personne interrogée sur l’importance de ces initiatives pour sa municipalité. Il serait également utile d’étudier l’influence de l’expérience personnelle de la parentalité en général et l’influence de l’expérience personnelle qu’ont les élu·e·s de la parentalité sur les attitudes à l’égard de ces politiques.
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