Audrey Brennan, INRS-UCS
Trois facteurs influencent la décision d'une personne de se présenter aux élections. Premièrement, les caractéristiques personnelles déterminent la prédisposition de celle-ci à se présenter aux élections (Fox et Lawless, 2006). Deuxièmement, il y a le contexte politique, comme la capacité d'un ou d’une nouvelle candidat.e à gagner contre le ou la candidat.e sortant.e (Burden et Snyder, 2021). Enfin, des facteurs légaux ou institutionnels entrent en jeu, comme les contraintes administratives auxquelles tout.e candidat.e, établi.e ou novice, doit faire face.
Pour avoir une idée des obstacles administratifs pour les aspirant.e.s candidat.e.s au Canada, l'équipe du Baromètre a demandé aux élus et élues municipaux participant.e.s leur avis sur le processus de mise en candidature. Si plusieurs le jugent relativement simple, certaines nuances méritent d’être abordées.
L’équipe du Baromètre a demandé aux répondant.e.s leur perception du processus administratif pour devenir candidat.e à une élection municipale : difficulté perçue, raisons pour lesquelles ils et elles pensaient que le processus était difficile ou simple, et quelles règles administratives proposées devaient être repensées (p. ex. signatures, frais, accès à l'information).
Dans ce billet de blogue, cependant, je me concentre uniquement sur la difficulté perçue et examine si celle-ci varie selon le groupe d'âge et le nombre de mandats complétés par les répondants. Plus précisément, comment les réponses varient à la question : « Sur une échelle de 0 à 10, où 0 signifie très facile et 10 signifie très difficile, comment évalueriez-vous le processus administratif que vous avez suivi pour vous porter candidat à votre plus récente élection municipale?»
Tableau 1: Statistiques descriptives
Variables | Catégories | Nombre (%) |
---|---|---|
Nombre de mandats | 1 | 663 (51.3%) |
2 | 312 (24.1%) | |
3 | 147 (11.4%) | |
4 | 76 (5.88%) | |
5 | 95 (7.35%) | |
Groupe d'âge | 18-24 | 3 (.232%) |
25-34 | 30 (2.32%) | |
35-44 | 159 (12.3%) | |
45-54 | 232 (17.9%) | |
55-64 | 332 (25.7%) | |
65+ | 531 (41.1%) | |
Indisponible | 6 (.564%) | |
Difficulté | 0 (Faible) | 215 (16.6%) |
1 | 237 (18.3%) | |
2 | 296 (22.9%) | |
3 | 160 (12.4%) | |
4 (Moyen) | 66 (5.10%) | |
5 | 126 (9.74%) | |
6 | 78 (6.03%) | |
7 | 57 (4.41%) | |
8 (Élevé) | 39 (3.02%) | |
9 | 13 (1.1%) | |
10 | 6 (.464%) |
Les analyses de ce blogue reposent sur les réponses de 1293 répondant.e.s. Le tableau 1 recense le nombre et la proportion de répondant.e.s selon chaque catégorie des variables mobilisées dans ce blogue : nombre de mandats, groupe d’âge, perception de la difficulté. Premièrement, 51,4% des répondant.e.s sont à leur premier mandat. C’est un élément clé, car les données nous permettent de mieux comprendre la perception des nouveaux élus, bien que je suis consciente que certains ont probablement de l’expérience électorale. Ensuite, 66,8% des répondant.e.s ont 55 ans ou plus, 30,2% ont entre vingt-cinq et quarante-quatre ans et moins de 3% ont moins de 35 ans. Enfin, sur l'échelle de difficulté de 0 à 10, dans l'ensemble, 70% déclarent un niveau de difficulté faible (score de 0 à 3), 25,28% déclarent une difficulté moyenne (score de 4 à 7) et 4,58% déclarent un niveau de difficulté élevé (score de 8 ou plus). Pour simplifier l’analyse sur la perception de la difficulté, je divise la perception de la difficulté en trois niveaux (faible, moyenne, élevée) plutôt que d’utiliser l'échelle de 0 à 10.
La figure 1 résume la difficulté perçue selon le nombre de mandats complétés par les répondant.e.s. La figure 1 montre que le temps ne semble pas faciliter le processus d’inscription, même pour les politicien.ne.s ayant complété plusieurs mandats. Les exceptions sont les élues et les élus dans leur cinquième mandat (dernière colonne), dont 83,2% déclarent que le processus d'inscription est simple. Par ailleurs, la proportion de politicien.ne.s jugeant le processus modérément difficile reste stable entre 23% et 27%. Ce qui est intéressant, c'est que 5% des politiciens, quel que soit le nombre de mandats complétés, perçoivent toujours le processus d'inscription aux élections comme difficile.
Figure 1: Difficulté perçue selon le nombre de mandats
Il existe des distinctions subtiles entre les groupes d'âge. Les quelques répondants âgés de 18 à 24 ans (voir le tableau 1) ont tous trouvé le processus d'inscription facile. De plus, la proportion de personnes jugeant la difficulté moyenne reste stable pour les autres groupes d'âge, oscillant entre 20 % et 28 %. Enfin, tout comme pour le nombre de mandats complétés, la proportion de répondants jugeant le processus d'inscription difficile varie de 3,3 % chez les 25 à 34 ans à 5,4 % chez les 55 à 64 ans.
Figure 2: Difficulté perçue selon le groupe d'âge
Cela suggère que les 25,28% des répondants ayant déclaré un niveau de difficulté moyen ou élevé (voir le tableau 1) sont plutôt proportionnellement répartis, quel que soit le nombre de mandats complétés ou leur âge.
Cependant, plusieurs éléments doivent être pris en compte. En effet, peu importe l'âge ou le nombre de mandats complétés, entre 20% et 28% des répondants de chaque catégorie déclarent un niveau de difficulté modéré ou plus élevé. Par ailleurs, je ne traite pas toutes les questions liées à la difficulté perçue, et il convient de souligner que plus de la moitié des répondants (720) ont déclaré qu'aucun changement majeur n'était nécessaire.
Cependant, les répondant.e.s avaient l'option de choisir « autre » et de fournir une réponse détaillée, leur permettant ainsi d'expliquer ce qu'ils et elles pensaient du processus d'inscription en tant que candidat.e aux élections municipales. Au total, 86 répondant.e.s ont pris le temps de le faire.
Par conséquent, il sera utile de voir quelles règles d'inscription des candidat.e.s influencent la difficulté perçue de s’inscrire comme candidat.e aux élections. De plus, il sera essentiel de tenir compte d'autres indicateurs, comme la taille de la municipalité et ainsi que la province des répondant.e.s.
Comprendre comment les personnes politiquement ambitieuses, c'est-à-dire celles qui sont plus susceptibles de naviguer au sein de l'appareil institutionnel, peut nous en dire long sur les obstacles administratifs à l'entrée dans le processus électoral. Si c'est un peu difficile pour les élu.e.s, comment les citoyen.ne.s perçoivent-ils le processus? Des pistes de recherche passionnantes à suivre!
Burden, B. C., et Snyder, R. (2021). Explaining Uncontested Seats in Congress and State Legislatures. American Politics Research, 49(3), 247-258.
Fox, Richard L., et Jennifer L. Lawless. « To run or not to run for office: Explaining nascent political ambition. » American journal of political science 49, no. 3 (2005): 642-659.
Stratmann, Thomas. "Ballot access restrictions and candidate entry in elections." European Journal of Political Economy 21, no. 1 (2005): 59-71.
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